Docteur Pierre NAHON

Chirurgien
Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique


LES GRANDES QUESTIONS > Les patients > Les patients trop exigeants

Les exigences des patients de chirurgie esthétiques se retournent contre eux


Chirurgie esthétique : les patients trop exigeants

Chirurgie esthétique : une première intervention ratée renforce le risque d’un nouvel échec

On comprend mieux les problèmes d’inégalité entre professionnels et patients de chirurgie esthétique quand ces derniers ont eu une première expérience négative.
À tort ou à raison, ils pensent qu’ils sont victimes d’un échec de la chirurgie. Ils sont donc doublement déçus. Le résultat obtenu lors de leur première opération n’est pas du tout conforme à ce qu’ils attendaient. Ils cumulent alors des sentiments mélangés de culpabilité, de déception, de colère voire, pire, se retrouvent confrontés à de véritables troubles d’identité, parce qu’ils ne se reconnaissent plus. Ces patients de chirurgie esthétique sont alors renforcés dans leur demande, et souffrent bien plus que lors de leur première expérience. Ils sont en quête de réparation, avec un sentiment d’injustice et de tristesse énormes. Plus crédules, ces « proies » sont encore plus faciles pour les chirurgiens esthétique peu scrupuleux. Ils n’ont plus aucune objectivité, et peuvent croire que le premier discours salvateur de la part d’un praticien aboutira. Ils auront tendance alors à se jeter avec impatience dans les bras du premier venu, pour tenter d’effacer leur première expérience.

II arrive que ces situations se répètent malheureusement à plusieurs reprises. Et plus les patients de chirurgie esthétique se font opérer, plus ils ont de chances de se faire mal opérer, et plus il est difficile ensuite de réparer les dégâts. Si on pouvait logiquement croire que les patients déçus d’une première intervention deviennent plus méfiants, c’est malheureusement bien l’inverse qui se produit.

Chirurgie esthétique : les patients qui veulent une opération à tout prix

D’autres développeront l’excès opposé. Ils viennent consulter pour un défaut certes existant, mais pour lequel le chirurgien donnera une réponse négative ou éventuellement approximative. Le praticien n’aura pas, par exemple, dans son arsenal de techniques, celle capable de corriger précisément le défaut, comme le souhaite le patient. En général, l’honnêteté du praticien fait qu’il refusera, dans ces cas-là, d’avoir recours à une intervention de chirurgie esthétique, et expliquera ses raisons à son patient. Il pense tout simplement que le résultat ne sera pas à la hauteur des espérances, et préfère donc ne pas intervenir plutôt que de provoquer la déception, et donc le mécontentement.

II arrive que certains patients de chirurgie esthétique, et ce d’autant plus si le chirurgien consulté jouit d’une bonne réputation, insistent de manière excessive, afin qu’il pratique tout de même l’intervention. Ils poussent le chirurgien dans ses derniers retranchements et lui accordent des talents que lui-même ne s’attribue pas. Si ce dernier se laisse finalement tenter, en se disant très probablement que s’il ne satisfait pas cette demande insistante, un autre le fera à sa place, il se met dans une position qui se retournera certainement contre lui.

Malgré une information précise sur la précarité du résultat de l’intervention de chirurgie esthétique, sur les réticences et les mises en garde, le patient, déçu, s’en prendra alors au chirurgien. Il lui fera porter immanquablement la responsabilité de l’acte qu’il avait pourtant au départ refusé. Au final, l’exigence démesurée des patients est aussi dangereuse que leur extrême souffrance, car elle les entraîne de manière aveugle vers des interventions non bénéfiques pour eux.