Docteur Pierre NAHON

Chirurgien
Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique


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La médecine esthétique n'est pas reconnue


Médecine esthétique : commerce ou escroquerie ?

Médecine esthétique : une pratique non reconnue

La grande polémique est qu’à ce jour, seuls les chirurgiens plasticiens sont légalement habilités à pratiquer l’ensemble de ces procédures. La médecine esthétique, bien qu’organisée en collège, association ou syndicats, avec un enseignement dispensé, n’est pas une spécialité médicale reconnue à ce jour. Cette absence de reconnaissance sans définition de règles d’exercice expose à toutes les dérives.

La dérive est particulièrement commerciale, puisque le discours actuel laisse penser que cette médecine pourrait remplacer la chirurgie esthétique. Que ces différentes méthodes apporteraient des résultats comparables à ceux de la chirurgie esthétique, sans en avoir les inconvénients. La vente de ces techniques profite le plus souvent de la peur du bistouri que l’on brandit d’une main, alors que de l’autre, on vante les qualités rassurantes de celles-là.

La médecine esthétique n’est même pas le parent pauvre de la chirurgie

Or la médecine esthétique ne saurait, en aucun cas, remplacer la chirurgie, et ne procure pas non plus de résultats équivalents. Toutes ces pratiques, extrêmement simples à mettre en œuvre, ne nécessitent aucune compétence particulière. Cette facilité a même fait qu’au début, elles étaient confiées aux assistantes des chirurgiens, parce que ces derniers ne trouvaient aucun plaisir à les faire eux-mêmes ! Aujourd’hui, certains médecins s’y intéressent et les utilisent car elles sont lucratives, sans véritable risque, sans responsabilité réelle de l’acte puisque le produit et donc le résultat, quel qu’il soit, sont voués à disparaître.

On peut cependant critiquer le bien-fondé de leurs modes d’action. Les substances injectées redonnent du volume sur un visage dont la peau s’est distendue. Elles augmentent la masse du tissu sous-cutané pour avoir un effet de remise en tension de la peau. Il se trouve alors, comme on le constate régulièrement, que les patients ayant recours à ces injections régulières et massives finissent par être bouffis et méconnaissables. Ce résultat, parfaitement inesthétique, ne saurait être comparé à celui obtenu après un lifting bien fait, lequel supprime l’excédent cutané, et redonne au visage l’aspect qu’il avait 20 ans auparavant.

Au total, dans l’état actuel des choses, la médecine esthétique est plus ou moins intéressante chez les patientes trop jeunes pour subir une intervention chirurgicale. Grâce à des injections réalisées au bon endroit et de façon modérée, on corrigera éventuellement les premiers signes de distension cutanée. Mais il est aberrant de vouloir systématiquement appliquer à tous et tout le temps la même méthode, et de faire croire qu’elle est efficace. La médecine et la chirurgie sont faites d’indications précises, et vouloir appliquer à tous une pratique identique n’est qu’une attitude commerciale et partisane.