LES GRANDES QUESTIONS > L’argent > Les prix à l’étranger
Faire des économies dans le domaine de la santé ouvre un vaste débat que tous les gouvernements successifs tentent de régler avec les médecins. Ne pas gaspiller oui, diminuer la qualité des soins, non. Il ne faut pas croire que la chirurgie esthétique ne fait pas partie de la santé. C’est par conséquent une lourde erreur de penser qu’on sera mieux opéré ou tout simplement mieux soigné dans des pays tels que la Tunisie, le Maroc, la Croatie ou l’Afrique du Sud. Sinon, comment expliquer que les patients de ces différents pays, lorsqu’ils ont les moyens de se l’offrir, viennent en France ou aux États-Unis pour se faire soigner ?
La plupart des praticiens qui exercent dans ces pays n’ont pas reçu une formation complète spécialisée dans leur pays d’origine. Ils sont venus, quand ils le pouvaient, la chercher principalement en France, en obtenant des postes de résidents étrangers. Ils se trouvent alors dans des services à côté d’internes et de chefs de clinique titulaires qui, eux aussi, ont besoin d’apprendre. Sachant que la formation en chirurgie esthétique devient, pour les titulaires français, de plus en plus difficile d’accès par manque de services formateurs, les étrangers se trouvent alors relégués au rang de simples observateurs.
En outre, il existait plus de services de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique il y a 20 ans qu’aujourd’hui. Nombre d’entre eux ont été fermés car ils faisaient plus de chirurgie esthétique que de chirurgie plastique. Les autorités ont alors considéré qu’ils ne remplissaient plus leur rôle de service public. Le nombre d’internes candidats à la chirurgie plastique ne cesse aujourd’hui d’augmenter, mais ils reçoivent une formation largement retardée par rapport à ceux formés il y a 20 ans. Ces derniers en effet opéraient beaucoup, dès leur première ou deuxième année d’internat. Ils faisaient même les interventions seuls, sans l’aide de leurs aînés. Aujourd’hui, les internes opèrent très peu, et les chefs de clinique le font encore avec l’aide des agrégés. C’est dire si la formation pratique des chirurgiens esthétique est plus courte, car elle démarre beaucoup plus tard. Par conséquent, les résidants étrangers ne reçoivent au final qu’un enseignement purement théorique, et c’est dans leur propre pays, quand ils y retournent, qu’ils passent à la pratique. Dans tous les cas, les accords entre universités restent, de toute façon, limités dans le temps.